Rappelez-vous en septembre 2018 nous écrivions un Édito pour lancer l’année scolaire ainsi :
Le CRIDEV – « Centre de ressources et d’interpellation pour un monde sans rapports de domination ». C’est ce qui va apparaitre sur notre vitrine dans quelques semaines…
- Et bien, c’est classe ça !
- Ce n’est pas un peu utopique ?
- Autant dire que c’est ambitieux, vertigineux et… totalement flippant…
- Mais surtout ça veut dire quoi concrètement ?
Et bien 9 mois plus tard que peut-on s’en dire ?
Que oui nous avons mis la barre haute et que ça nous a remué car c’est évident que le CRIDEV ne va pas à lui seul renverser les trois grands rapports de dominations que nous dénonçons et leurs intersections (le patriarcat, le « néo » colonialisme et le capitalisme).
Ça nous a remué.e.s car financièrement ça a été très compliqué et du coup ça nous a fait des nœuds dans la tête de se demander comment mener notre projet en le finançant sans se fourvoyer…
Ça nous a remué.e.s car nous, les membres du CRIDEV nous sommes au quotidien dans nos vies personnelles et de travail traversé.e.s par ces systèmes de domination et nous en vivons les conséquences et nous pouvons aussi parfois en bénéficier… Alors comment accepter d’en bénéficier tout en les dénonçant ?
Ça nous a remué.e.s car chaque formation, chaque soirée causerie, chaque permanence d’accueil nous fait d’avantage cogiter, penser, nous remettre en question ou bien nous conforter car vous, toutes les personnes qui ont passées la porte de CRIDEV vous participez directement ou indirectement au projet.
Ça nous a remué.e.s car nous avons du mal à trouver du joyeux au regard des thématiques triturées et à regarder nos petites victoires…
Mais voici en quelques phrases ce que cette année a produit :
- une année laboratoire avec la création d’un outil qui met en lumière la grille de lecture de notre pensée : le fameux triangle des dominations (il est affiché dans nos locaux) ;
- l’envie collective de produire d’avantage et de diffuser nos productions : d’où la création de notre nouveau blog : blog.cridev.org ;
- des arrêts de travail qui disent entre autre qu’il faut qu’on change notre organisation interne en cassant les hiérarchies et en collectivisant d’avantage les responsabilités ;
- l’envie de joyeuseté dans notre quotidien à défaut qu’elle vienne de notre société ;
- l’envie de prendre soin de nous ;
- l’envie d’être radicale avec douceur ;
- l’envie de prendre du temps...
Et pour cela on se dit que se reposer c’est aussi une manière de lutter…
Lutter contre soi-même, contre l’urgence, contre l’injonction à la disponibilité mais pouvoir se reposer c’est aussi le privilège d’avoir du temps non contraint, d’avoir une santé physique et mentale et des conditions matérielles, économiques, sociales, spatiales qui nous le permettent…
M’enfin… Belle pause estivale à tout.e.s !
Édito écrit par Emmanuelle A. et Élise S.